Ecrivain en herbe

A toi,

"La descente"

 

C’était un lundi, le jour où sa vie était partie en vrille. Le jour où elle n’avait plus jamais été la même. Tout le monde s’inquiétait pour elle, elle était devenue si imprévisible, on ne pouvait plus savoir ce qu’elle pensait ou voulait faire. Elle qui avait été durant tant d’année ouverte aux autres. Pour elle, cette rupture avait été d’une brutalité sans nom, elle était remplie d’incompréhension. Elle avait supplié, prié, pleuré pour qu’il lui donne une véritable explication, n’obtenant que promesses et mensonges qui lui rongeaient les entrailles. Elle avait cherché à comprendre pendant quelques jours et après elle avait tout laissé tomber. Il s’était écoulé une semaine depuis la fin de l’histoire qu’elle pensait être véritable. On avait l’impression que le temps était aussi changeant qu’elle, depuis ce lundi en mois de juillet le temps était devenu maussade subitement alors que les températures atteignaient les 30° mais à la minute où elle était partie de la maison où elle vivait avec son copain depuis un an, les températures avaient chutées, le vent s était levé et le ciel était devenu gris.

Une semaine s’était écoulée et il faisait toujours aussi triste dehors, déprimant une partie de la population. Alors qu’il était annoncé chaque soir à la météo qu’il ferait bon. Ils étaient catégoriques : « le soleil pointerai le bout de son nez demain ». Ils le disaient avec une telle certitude qu’ils arrivaient à faire croire ça à tout le monde. Mais le temps resta maussade et triste, gâchant les vacances de beaucoup de monde.

Il était rare quand elle sortait de sa chambre, rare quand elle parlait. Elle n’ingérait quasiment plus de nourriture et elle fondait à une vitesse déconcertante et effrayante. Elle restait enfermée dans un silence tellement dur pour son entourage qu’ils avaient vite abandonné de la faire sortir de ce cercle vicieux dans lequel elle rentrait jour après jour. Elle avait décidé d’y rentrer pour que la douleur de la fin remplace celle qu’elle avait au cœur et ça fonctionnait. Elle avait mal à l’estomac plus que ce sentiment de manque qui parvenait à envahir tout son être sans autorisation et qui refusait de la quitter. Elle avait mal à l’estomac et calculait ses calories tous les jours en baissant le plus possible et mangeant juste de quoi rester en vie. Juste de quoi continuer à respirer.  

Durant une semaine, ses seules paroles avaient été : « chaque fois que je remonte la pente, je me retrouve encore plus bas que le point de départ, je n’arrive plus à voir l’espoir. J’avais toujours eu ça, l’espoir, de rire, de vivre et de me dire que tout allait aller. Mais tu sais mamy, aujourd’hui mon espoir c’est envolé, j’ai trop donné et j’en suis désolée ».

Elle avait dû se réhabituer à vivre seule. Elle allait d’abord passer plusieurs semaines le temps de ses examens qui se déroulaient au mois d’août chez sa grand-mère, pour sa tranquillité et aussi parce que sa grand-mère lui apportait pour l’instant ce dont elle avait besoin : du calme. Les deux vivaient leurs vies parfois en ne se souciant pas de l’autre, elles mangeaient parfois ensemble, d’autre fois non. Quelques fois elles passaient des heures à jouer au Rummikub, ce jeu qui avait marqué l’enfance d’Aurore.

Aurore restait des heures devant son ordinateur, face au Facebook de celui qu’elle avait tant aimé, espérant recevoir un message de sa part. Elle devait s’y faire, il l’avait oublié le jour où il l’avait quitté définitivement, elle n’avait été qu’un pansement, elle devrait pourtant avoir l’habitude. Chacune de ses relations, qu’elles soient courtes ou longues, elle avait réparé les erreurs des femmes qui avaient brisé le cœur de son compagnon et enfin arrivait le jour où celui-ci était réparé, il avait pris une petite partie d’Aurore pour refermer le trou qui se trouvait en plein milieu de son cœur et lui demandait de partir. C’était arrivé de nombreuses fois à Aurore et elle se disait que ce n’était pas grave, qu’un jour se serai elle qu’on réparerai et pourtant rien n’arrivait.

Un jour, elle s’était levée, décidant de couper son téléphone, de ne plus se connecter sur Facebook. Elle avait donné le numéro de sa grand-mère à ses amis les plus proches, sans espoir qu’ils lui sonneraient. Elle le savait, elle n’espérait plus rien. Elle s’était levée avec pour but d’écrire. Ecrire tout ce qui l’avait brisée, tout ce qui l’avait détruit et qui aujourd’hui l’avait achevée sans lui laisser une chance de se relever et de combattre la vie en lui montrant que l’espoir était sa solution. Elle s’était réveillée avec cette chanson qui lui trottait en tête, qui la représentait beaucoup plus qu’elle ne pensait et elle en remerciait l’auteur d’avoir su poser des mots sur ce qu’il se passait en elle. Dans toutes ses chansons d’ailleurs, elle pouvait s’identifier tellement ses mots étaient remplis de sens, tellement ils la touchaient au plus profond d’elle-même.

Elle s’était réveillée et elle avait allumé son ordinateur, ouvert la page de YouTube et tapé directement « Scylla – répondez-moi ». Cette musique lui procurait des frissons intenses, elle se laissait bercer par cette mélodie si envoutante, entrainante et se laissait porter vers un autre monde où elle ne pensait plus. Ses pensées disparaissaient, grâce à ces chansons elle apprenait à dissocier ses pensées de son corps pour se soulager de cette douleur permanente, de cette autodestruction qu’elle s’infligeait. Elle se laissait aussi entourée par la solitude, cette vieille amie qui l’avait suivie tout au long de sa vie, que se soit chez elle où à l’école. Cette solitude qui l’avait sauvé et l’englobait dans un autre monde qu’elle se créait et qu’elle désirait retrouver chaque jour. La solitude et elle formait une bulle, une protection qu’Aurore voulait retrouver, qu’elle essayait de reconstruire pour ne plus rien ressentir. Elle voulait la récupérer plus vite que la dernière fois, pourquoi est-ce que se reconstruire prenait autant de temps pour ceux qui n’avaient voulu que le bien des autres ? Elle se posait tant de questions qu’elle commençait à avoir des douleurs à la tête persistante. Elle réfléchissait et cogitait trop sur ce qui se passait actuellement et elle ressentait le besoin d’écrire. Tout écrire, sans cacher ses pensées, sans langues de bois. Elle allait tout mettre par écrit et dévoilé au monde ce qui se passait dans sa tête. A quel point pour elle la vie était une souffrance mais aussi un bonheur. A quel point des choses insignifiantes aux yeux des autres l’avaient profondément marqué au point de la changer à tout jamais et de la rendre si distante de la réalité.

Elle avait décidé d’écrire tout et sa renaissance commençait maintenant.